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« Accueillir 10 000 réfugiés, c'est un affront envers des personnes

qui ont subi des atrocités inqualifiables »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rafif Jouejati est porte-parole pour une organisation de l'opposition démocratique syrienne et directrice de l'association FREE-Syria. 

Photo : MAÏWENN LAMY

 

Rafif Jouejati, de nationalité syrienne et américaine, a plus d'une corde à son arc. Cette fille de diplomate syrien qui vit aujourd'hui à Washington est membre des Comités de coordination locale de Syrie [LCC], l'une des organisations de l'opposition démocratique syrienne. Elle est aussi directrice de FREE-Syria, une organisation humanitaire dont l'objectif premier est de promouvoir l'égalité en Syrie.

 

Quand on lui demande de qualifier la politique d'accueil des États-Unis envers les réfugiés syriens, Rafif Jouejati peine à trouver des mots à la mesure de sa colère : « Accueillir 10 000 réfugiés, c'est un affront envers des personnes qui ont subi des atrocités inqualifiables. Inqualifiables. En tant que fière citoyenne américaine, je n'arrive pas à croire que le gouvernement nous ait tourné le dos de cette manière. Nous savons tous que dans 10, 20 ou 30 ans, nous allons regarder en arrière et dire : “ Oh mon dieu, plus jamais ça ! Comment cela a-t-il pu se produire ? ” ».

Pour elle, la communauté internationale a la responsabilité morale et éthique d'accepter les réfugiés car, « ces pays qui n'ont pas rempli leurs promesses doivent maintenant faire face aux conséquences de leurs échecs ».

 

« La plupart des réfugiés veulent juste rentrer à la maison »

 

Mais, selon elle, accueillir des réfugiés syriens n'est pas suffisant. « La plupart des réfugiés veulent juste rentrer à la maison ! Il faut les accueillir, mais l'impératif moral est de s'attaquer aux causes profondes de la crise pour que les gens puissent rentrer chez eux et vivre en sécurité », souligne-t-elle, le regard grave.

 

Une charte syrienne des libertés

 

Il est difficile d'imaginer ce que peut ressentir cette fille de diplomate qui a grandi entre les États-Unis et la Syrie et qui voit, depuis près de cinq ans, son peuple souffrir, être massacré et fuir son pays. « Quand la révolution a commencé en 2011, j'ai eu l'impression de retrouver mon identité syrienne et j'ai commencé à soutenir le mouvement non-violent », explique Rafif Jouejati, dont le cœur a longtemps balancé entre son identité américaine et son identité syrienne. Depuis, elle participe à de nombreux projets pour tenter d'aider son peuple depuis l'autre bout du monde.

Actuellement, c'est la Charte de la liberté syrienne qui l'occupe le plus. Grâce à des militants sur le terrain, son association a rencontré plus de 50 000 citoyens syriens, vivant dans le pays ou à l'extérieur, pour leur demander sur quels principes ils voudraient fonder un nouvel État. La charte rassemble les signatures de ceux qui veulent avoir la liberté de pratiquer en sécurité leur religion, d'afficher leur appartenance culturelle ou ethnique sans danger, ou de se présenter à un poste politique quelle que soit leur origine ou leur religion. « Aujourd'hui, les citoyens syriens sont exclus des décisions politiques. Avec la Charte de la liberté, nous montrons ce que le peuple syrien veut, et ceci doit être pris en considération par les puissances mondiales qui prennent des décisions en notre nom », réclame la directrice de FREE-Syria. À présent, son nouvel objectif est de faire signer cette charte par un million de syriens à travers le monde.

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